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Editorial: un libéralisme à reculons

Questions

L’abandon de la fusion entre TF1 et M6 à cause des réserves de l’Autorité de concurrence, illustre la conception assez bizarre du libéralisme en UE. Surtout, cette posture de l’autorité française n’est pas unique comme le montre l’attitude des britanniques dans la fusion entre Veolia et Suez. 

En effet, la Competition & Markets Authority (CMA), autorité de la concurrence britannique, est la seule dans le monde à ne pas s’être encore prononcée, depuis plus de 16 mois, sur les effets du rapprochement entre Veolia avec Suez sur le marché britannique. Ainsi, afin de mettre fin à cette longue période d’attente, Veolia a fait part à la CMA de la cession de l’intégralité des activités de déchets de Suez dans le pays.

De même, dans notre cas, Bouygues, RTL Group, TF1 et M6 ont annoncé mettre un terme au projet de fusion des groupes TF1 et M6, annoncé le 17 mai 2021. Cette décision intervient après l’audition des parties par le Collège de l’Autorité de la Concurrence car à la suite des débats avec l’Autorité, il est apparu que seuls des remèdes structurels concernant à minima la cession de la chaîne TF1 ou de la chaîne M6 seraient de nature à permettre l’autorisation de l’opération. Les parties ont donc conclu que le projet ne présentait plus aucune logique industrielle.

De plus, ces cas ne sont pas uniques comme le montre l’exemple du rejet de la fusion Alstom-Siemens par la Commission de l’UE. Il en a été de même pour l’interdiction de la fusion Schneider-Legrand. D’ailleurs, certains groupes comme Orange ou BNP Paribas, s’interdisent d’envisager des acquisitions ou des rapprochements en Europe, pour ne pas perdre inutilement du temps et de l’argent. 

En effet, la doctrine libérale en Europe, semble avoir deux principaux biais. Le premier est celui de l’orientation assumée de privilégier le consommateur au détriment du producteur. Ainsi, l’objectif permanent est celui de la pression continue sur les marges et sur les prix comme le montre l’attitude dans certains secteurs comme les télécoms et l’énergie. 

Quant au deuxième biais, celui-ci est lié à la définition erronée du périmètre de concurrence. Ainsi, la concurrence actuelle dans les médias est mondiale et non limitée à l’hexagone avec des mastodontes internationaux comme Netflix, Disney ou YouTube. De même, l’UE n’est pas la zone géographique pertinente d’analyse des concentrations, notamment au niveau de certains métiers mondiaux.